Sourdigné
Valanjou
Son histoire
L’origine se trouve dans « Surdiniacus » cité dans le livre de St Florent au XIème s vers 1070. C’était un ancien fief et seigneurie relevant de Cernusson et de Gonnord. Un seigneur de Sourdigné est cité en 1093 lors de la dédicace de l’église St Jean de Thouarcé. On ne connaît pas la date de construction du château fort. Il était entouré de douves. Autrefois, l’entrée, située au nord, était commandée par une tour qui s’avançait sur une poterne ouvrant sur 2 couloirs obliques. Mais, le logis seigneurial était de petite dimension puisqu’on cite « deux grandes pièces au rez-de-chaussée et un vaste grenier au-dessus ». Il y avait sans doute des dépendances. Tout a été détruit sauf la tour. Des bases de murs imposantes existent encore aujourd’hui.
Depuis le XVIème s. nous connaissons les propriétaires de Sourdigné. Peu de familles connues avant François de Chahannay (ou Channé), 1657.
En 1663, sa fille Marie, dame de Sourdigné épouse Louis de l’Estoile. Leur fils, François de l’Estoile n’avait pas bonne réputation. On dit qu’il « enterrait » près du château les officiers de justice (recors) qui venaient le sommer. Sans doute était-il criblé de dettes ? Il meurt après 1704. Sa fille épousera Félix de Racapé (nous voilà en terrain connu : à Chemillé, nous avons la rue Racapé). Il était seigneur de Chevigné à St Georges-sur-Loire et capitaine dans le régiment de Luxembourg. Il meurt à St Georges-sur-Loire en 1731.Dans un acte de 1743 chez Rompillon, notaire, le château est décrit ainsi : « Un grand corps de logis à deux chambres basses et deux chambres hautes avec grenier, le tout couvert d’ardoises, entouré de douves et précédé de communs couverts de tuiles et basse-cour ». Avant la Révolution, Sourdigné appartient à René l’Espagneul de Rillé, seigneur d’Argonne. Le château est brûlé en partie par les Colonnes Infernales (poutres calcinées…). Le domaine est vendu comme bien des émigrés en messidor de l’an IV (1796) au citoyen Jacques Loir la Chesnaye d’Angers. Une chapelle St Jacques existait puisque le temporel en était assuré par la borderie de Sourdigné, acquise à cette époque par Jacques Bazantay de Gonnord. On y a célébré des baptêmes. La chapelle St Jacques et d’autres bâtiments sont acquis par Fromageau, un vigneron de Thouarcé.
A côté se trouve la métairie de la Chatellenie en lien sans doute avec le château. Il y avait aussi un moulin à eau dit moulin de Sourdigné (aujourd’hui ferme et hébergement en yourte) et un moulin cavier.
Au début du XIXème s., le nouveau propriétaire, Janvier la Chesnaye, conseiller à la cour d’appel d’Angers, répare et agrandit la demeure en 1825 en y ajoutant un étage : c’est l’actuel château de style directoire construit en briques et murs de schiste. Les communs sont reconstruits symétriques à l’avant du château. Janvier de la Chesnaye y habite en 1831 et y meurt en 1846.
Sa fille Euphrosine, mariée en 1829 à Jacques de Courtigné, héritera du domaine. Cette dame de Courtigné lègue par testament ses biens à l’hôpital de Gonnord, juste avant de mourir en 1867, à condition que Sourdigné devienne hospice. Dans ce testament, elle impose d’autres conditions concernant ses animaux et ses obsèques.
En 1935, le domaine est acquis par M. Pierre Bazantay, père de l’actuel propriétaire.
L’Hospice (Voir le testament)
Madame de Courtigné s’occupait déjà beaucoup des pauvres mais, à la fin de sa vie, elle décide de consacrer une partie de sa fortune à la création d’un hospice à Sourdigné (1863). Il doit accueillir 12 pensionnaires : 6 hommes et 6 femmes, répartis par communes : 6 pour Gonnord, 2 pour Joué-Etiau, Thouarcé et Machelles. Les hommes occupent la salle St Emmanuel et les femmes la salle Ste Marie. 5 religieuses venues de Ste Marie de la Forêt sont chargées de cet hospice et un aumônier doit y résider (ce qui ne semble pas avoir été le cas). L’inauguration a lieu le 3 octobre 1871. L’établissement sera actif jusqu’en 1928, date où il sera transféré à l’hôpital de Gonnord.
Parmi les pensionnaires, un Banchereau dit « la Bique », ancien de Crimée, il taillait des cannes et fabriquait des pipes en bois toute la journée. (Mgr Pinier y est passé ?)
Voir la tombe de Madame de Courtigné dans le cimetière de Gonnord où il est inscrit : « Elle fut l’amie des pauvres et fonda l’hospice de Sourdigné. Priez pour elle ».
Compléments sur le testament
Le 20 novembre 1863, Madame de Courtigné lègue à l’hôpital de Gonnord la nue-propriété de Sourdigné et de 6 fermes voisines et confie l’usufruit aux Religieuses qui viendraient y soigner 12 vieillards.
Elle ajoute d’autres clauses pour l’école de Gonnord, pour un dispensaire…et aussi
« L’hôpital de Gonnord devra prendre soin de mes animaux … et s’il se trouvait parmi eux des chevaux, défense expresse de les faire travailler. Ils seront nourris de très bons fourrages et de 6 litres d’avoine par jour, tenus dans la plus grande propreté et soignés par un vétérinaire…Jamais on ne devra les faire abattre. »
Elle ajoute enfin « qu’elle défend de faire la moindre dépense à son sujet autrement que 300 francs pour sa sépulture et moins si c’est possible et 3 francs pour la croix en fer qui surmontera sa tombe. Lui élever un tombeau serait enfreindre ses dernières volontés et pour toutes prières, une messe basse lors de la sépulture. »
Une rue de Gonnord porte le nom de Madame de Courtigné !
Il semble qu’il n’y ait pas eu d’aumônier résidant ; c’est le clergé de Gonnord qui allait y dire la messe.
En 1900, Mgr Rumeau, lors de sa visite pastorale, s’arrête à Sourdigné !
La chapelle
Elle a été aménagée en 1868-69 dans l’aile des dépendances nord. Mise en service en 1871, Madame de Courtigné la voulait « ornée de ses manteaux de velours et de soie, de ses robes et de ses châles. »
La messe était dite tous les jeudis et dimanches mais en l’absence de prêtre, c’est « en carriole, une tapissière noire attelée à un vieux cheval et conduite par un pensionnaire que les religieuses et quelques anciens se rendaient à la messe de 9h le dimanche et aux vèpres l’après-midi en l’église de Gonnord. »
Jusqu’en 1950, une procession des Rogations venait jusqu’à Sourdigné. Vers 1970, la chapelle est désaffectée, statues et ornements sont portés à
Gonnord. La table de communion en fer forgé daterait du XVIIIème s. Un vitrail original représente la Vierge tenant dans ses mains le donateur ? (Vierge de Behuard). Style 1920 éxécuté par Mercier.
L’autel et le Christ viennent du Morbihan, les statues de Ste Anne, du baptême de Jésus, de la Vierge, ornements sacerdotaux, d’ailleurs.
Cette chapelle est sous le patronage de la Ste Famille.
Nous remercions Monsieur et Madame Bazantay de leur accueil chaleureux.